Vague à l'âme
Vous est-il arrivé d'avoir honte, vraiment honte, honte à en avoir des hauts-le-coeur ? Ce soir, j'ai honte. Honte d'être issue de cette famille-là, de partager le même sang que ces gens-là, honte qu'ils n'aient même pas honte de leur attitude. Honte de l'aspect sordide que prend chaque histoire dans laquelle il est question de biens et de possession, directement ou indirectement, honte de leur soif inextinguible d'argent, malgré tout ce qu'ils ont déjà, et de l'aplomb avec lequel ils s'approprient tout ce qui leur plaît ou leur semble pouvoir présenter de la valeur. J'ai honte, aussi, de ces femmes qui, informées de l'état de santé inquiétant de leur unique frère, n'ont même pas eu la décence de demander ce qu'il avait, encore moins si elles pouvaient être d'une aide ou d'un réconfort quelconques. J'ai eu honte pour elles, honte à leur place quand la femme de celui-ci m'a raconté sa surprise et sa douleur devant cette indifférence, mal quand elle m'a dit que c'est cela qui l'avait le plus choquée, le plus peinée aussi. J'ai honte à en pleurer - et j'en pleure...
Ma famille proche n'est pas exempte de défauts, loin s'en faut. Mais je suis heureuse que nous n'ayons pas le même mode de fonctionnement que ces personnes-là, pas les mêmes valeurs.
Il y a quelques années, quand j'ai fermé derrière moi la porte de l'Enfer et que j'ai entrepris de me reconstruire, je me suis demandé ce que je visais dans la vie, à quoi j'aspirais vraiment, j'ai fini par conclure qu'au fond, j'aimerais arriver au terme de mon existence en me disant que j'ai été quelqu'un de bien - pas quelqu'un d'exceptionnel, sûrement pas quelqu'un de très riche ou de célèbre, personne qui entre un jour dans les livres d'histoire. Mais quelqu'un de bien. N'avoir à rougir de rien, ou, pour les erreurs commises, avoir fait de mon mieux pour sincèrement réparer et compenser le mal causé.
Atteindrai-je un jour mon objectif ? Je ne sais pas. Mais j'espère du moins ne jamais ressembler à cette famille qui est paraît-il la mienne.